Le Jury du prix Bastien Irondelle 2021, présidé par le professeur Serge Sur, vient de rendre son verdict. Il a attribué le prix de thèse à Marc Julienne pour son travail intitulé « Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l’État sécuritaire ». Il a également décerné une mention spéciale à la thèse de Lola Legrand-Sibeoni, intitulée « Problèmes de la guerre en Grèce ancienne. De l’époque des palais mycéniens à la fin de l’époque archaïque (c. 1400-500 av. n. ère) ». Nous leur adressons toutes nos félicitations !
La remise des prix a eu lieu lors d’une cérémonie le 20 juin 2022.
Lauréat : Marc Julienne, « Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l’État sécuritaire »
Résumé de la thèse : L’objectif de cette thèse est de comprendre les stratégies antiterroristes chinoises, intérieures et internationales, afin d’analyser ce qu’elles révèlent de la nature du régime politique de la Chine contemporaine. L’approche chinoise du terrorisme et du contre-terrorisme a significativement évolué ces vingt dernières années, et tout particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du secrétaire général Xi Jinping en 2012. Nous examinons ainsi l’évolution de la réflexion universitaire et du corpus juridique chinois sur le terrorisme, ainsi que le discours politique de sécuritisation qui l’accompagne. Nous explorons ensuite les réponses mises en œuvre par les autorités, de la montée des tensions dans la région du Xinjiang dans les années 1990, aux récentes campagnes antiterroristes et anti-extrémistes, en tentant d’en évaluer les conséquences politiques. Les stratégies antiterroristes sont en outre d’ampleur internationale désormais. Elles visent d’abord à lutter contre des menaces sécuritaires (la protection des Nouvelles routes de la soie par exemple). Elles servent aussi à promouvoir un contre discours aux critiques accusant Pékin de violations des droits de l’Homme au Xinjiang. Enfin, elles visent à neutraliser les diasporas ouïghoures à l’étranger considérées dans leur ensemble comme une menace à la sécurité nationale. Les politiques antiterroristes chinoises, dans leur expression intérieure et internationale, reflètent ainsi la montée en puissance d’un État sécuritaire décomplexé, et en incarnent même le paroxysme. Elles nous donnent à voir et à comprendre la trajectoire d’un régime obsédé par le contrôle, désormais engagé sur une voie néo-totalitaire.
Marc Julienne est chercheur, responsable des activités Chine au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Ses travaux portent principalement sur la politique étrangère et de sécurité de la Chine ainsi que sur sa politique intérieure.
Il est docteur en science politique et relations internationales de l’Inalco (2021). Il a soutenu sa thèse, intitulée « Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l’État sécuritaire », sous la direction du Pr. Jean-François Huchet, le 27 mai 2021. Marc Julienne a réalisé sa thèse au sein de l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (IFRAE/UMR 8043), laboratoire lié à l’Inalco. Il a été allocataire doctoral de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées (2016-2019). A ce titre, il a été doctorant associé à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM, 2016-2019).
Précédemment à ses fonctions actuelles, Marc Julienne a été chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) pendant quatre ans (2015-2019), et chercheur à Asia Centre (2013-2014). Il a également été chercheur invité au Mercator Institute for China Studies (MERICS, Berlin, 2015) et à la Shanghai Academy of Social Sciences (SASS, Shanghai, 2017).
Mention spéciale : Lola Legrand-Sibeoni, « Problèmes de la guerre en Grèce ancienne. De l’époque des palais mycéniens à la fin de l’époque archaïque (c. 1400-500 av. n. ère) »
Résumé de la thèse : Cette thèse consiste en une histoire de la guerre en Grèce ancienne, entendue comme phénomène économique, social et politique, depuis les premières sources écrites jusqu’au seuil de l’époque classique (1400-500 av. n. ère) d’après une perspective ouverte par P. Carlier. La période étudiée comprend donc à la fois les palais mycéniens (1400-1200 av. n. ère) et toute l’ampleur de l’évolution qui mène à la formation des cités-États (800-500 av. n. ère), dans un contexte marqué par d’importants transferts technologiques en Méditerranée orientale. Temps long et perspective méditerranéenne se sont avérés deux choix décisifs et complémentaires pour embrasser ce fait social total qu’est la guerre en Grèce entre IIe et Ier millénaires. Cette démarche permet d’analyser en termes historiques l’importance de l’infanterie dans les armées mycéniennes et ce qu’on a longtemps appelé la “révolution hoplitique” du VIIe siècle. En somme, la guerre a été considérée comme un moment particulier de la vie d’une communauté, un révélateur de ses conditions techniques, économiques, sociales et politiques propres, agissant en retour sur ces dernières.
Actuellement en postdoctorat à l’Université du Mans, Lola Legrand-Sibeoni est docteure en Histoire et Archéologie des mondes anciens. Elle a soutenu sa thèse, intitulée « Problèmes de la guerre en Grèce ancienne. De l’époque des palais mycéniens à la fin de l’époque archaïque (c. 1400-500 av. n. ère) », sous la direction du Pr. Ch. Müller le 8 janvier 2021 et devant un jury composé de J.-Ch. Couvenhes, D. Lefèvre-Novaro, M. Perna, F. Prost, A. M. Snodgrass, H. van Wees et J. Zurbach.
Doctorante de l’Université Paris Nanterre (2014-2020), grâce à un contrat doctoral octroyé par l’École française d’Athènes (EFA) qui lui a permis de mener de nombreuses missions d’étude en Grèce, dans les musées et sur le terrain, elle a ensuite occupé plusieurs postes d’Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (A.T.E.R.) à l’Université.